Proton

Google a récemment fait couler beaucoup d’encre à propos de son soi-disant virage en matière de protection de la vie privée(nouvelle fenêtre) et a notamment publié un article d’opinion dans le New York Times, signé par son directeur général Sundar Pichai : « Nous nous sentons privilégiés que des milliards de personnes fassent confiance à des produits comme Search, Chrome, Maps et Android pour les aider chaque jour », a-t-il écrit.

Le problème n’est pas de savoir si l’on peut faire confiance à Google, mais de constater que nous n’avons finalement pas le choix puisque Google est en situation de quasi-monopole. En réalité, la crise de confiance (après une année de fuites de données et de comparutions devant le Congrès) a conduit toutes les grandes entreprises technologiques à lancer des campagnes de relations publiques sur le thème de la protection de la vie privée.

Il s’agit d’un écran de fumée pour rassurer les régulateurs et apaiser les utilisateurs tout en poursuivant leurs activités d’exploitation des données. Si certains des changements qu’ils ont apportés sont positifs, ils n’ont pas l’intention de renoncer à leur modèle économique lucratif, qui consiste à diffuser des publicités basées sur la surveillance, ce qui va fondamentalement à l’encontre du respect de la vie privée.

Internet n’était pourtant pas une menace pour la vie privée au départ. À ses débuts, les grands noms du secteur ne s’intéressaient pas à la surveillance et à l’exploitation des données, le modèle économique reposait sur les abonnements.

Au fur et à mesure que les utilisateurs ont délaissé les portails propriétaires pour se tourner vers un internet ouvert, les navigateurs et la recherche ont remplacé les services sur abonnement en tant que porte d’entrée du web. Les clics et les données des utilisateurs ont donné naissance à ce que l’on appelle aujourd’hui le capitalisme de surveillance.

À la fin de la décennie, un projet scientifique à Stanford était en passe de remplacer le verbe « rechercher ». Google a remplacé les services d’abonnement par des services financés par la publicité. Au lieu de faire payer l’accès aux utilisateurs, l’entreprise espionne simplement leurs activités en ligne, leur historique de localisation et leurs comportements pour donner aux entreprises qui font de la publicité (leurs véritables clients) un pouvoir sans précédent pour manipuler le comportement des internautes.

Aujourd’hui, les conséquences de ce changement défient nos démocraties et ébranlent notre sens de la vérité. Les marchands d’attention en situation de monopole détiennent plus de pouvoir que quiconque dans l’histoire de l’humanité. En 2017 par exemple, Mark Zuckerberg, directeur général de Facebook, a réduit à lui seul le nombre de vidéos visionnées(nouvelle fenêtre) de 50 millions d’heures par jour.

Après les réactions brutales de l’année dernière, avec les menaces de nouvelles lois américaines sur la protection de la vie privée et d’actions antitrust, on nous dit aujourd’hui que la protection de la vie privée a toujours été une valeur fondamentale de ces entreprises. « La minimisation des données est un principe de confidentialité important pour nous », écrit Sundar Pichai (dont l’entreprise conserve des profils détaillés(nouvelle fenêtre) sur des milliards de personnes). Google et Facebook ont promis de redonner aux utilisateurs un certain contrôle, avec des paramètres de confidentialité simplifiés et des fonctionnalités comme le mode incognito sur davantage d’applications.

Cependant, alors même qu’ils se déclarent publiquement favorables à une meilleure protection de la vie privée, les géants de la tech ont exercé de fortes pressions sur les législateurs(nouvelle fenêtre) pour qu’ils rédigent des règles favorables à leurs résultats, et non aux droits des utilisateurs. Bien que Sundar Pichai affirme que « l’Europe a placé la barre très haut en matière de protection de la vie privée dans le monde en adoptant le Règlement général sur la protection des données(nouvelle fenêtre) », Google conteste vigoureusement ce règlement (RGPD) et les amendes importantes(nouvelle fenêtre) que l’Union européenne lui a infligées.

Mark Zuckerberg joue le même jeu en déclarant : « Je pense que travailler à la mise en œuvre du chiffrement de bout en bout pour toutes les communications privées est la bonne chose à faire », mais en travaillant simultanément à combiner les métadonnées sur les contacts, les conversations et les paiements de tous ses services pour mieux suivre et espionner les utilisateurs, ce qui a rapidement inquiété les régulateurs européens(nouvelle fenêtre) en matière de protection de la vie privée. Le fait que Facebook anticipe au moins 3 milliards de dollars d’amende(nouvelle fenêtre) (retirés de son bénéfice en prévision du paiement) de la part de la Federal Trade Commission (FTC, le régulateur américain), montre que l’entreprise est pleinement consciente de la duplicité de son changement de cap en matière de protection de la vie privée.

Si Google prenait vraiment au sérieux la protection de la vie privée, l’entreprise pourrait facilement annoncer qu’elle ne conservera plus les historiques de recherche pour établir des profils sur tous ses utilisateurs, ou qu’elle utilisera le chiffrement de bout en bout(nouvelle fenêtre) pour éviter de collecter des données sur les utilisateurs. Si un jeune moteur de recherche comme DuckDuckGo ou une entreprise comme Proton peut le faire de manière rentable avec des dizaines de millions d’utilisateurs, Google peut aussi le faire.

Nous sommes manipulés et nous devons faire de meilleurs choix. Nos droits en matière de protection de la vie privée ne doivent pas se réduire à quelques annonces des géants de la tech, enveloppées dans des campagnes de relations publiques, dès que les utilisateurs commencent à se plaindre. Le fait que le mode confidentiel de Gmail n’est ni sécurisé ni privé(nouvelle fenêtre) est un exemple parmi tant d’autres. Le respect de la vie privée devrait être une valeur fondamentale, garantie non seulement par un business model plus éthique, mais aussi par un chiffrement fort, garanti de manière mathématique.

C’est cette vision qui a conduit nos fondateurs, des scientifiques qui se sont rencontrés au CERN, à créer Proton Mail en 2014. La minimisation des données est au cœur de Proton Mail. Nous ne collectons pas de données inutiles auprès de nos utilisateurs et celles que nous collectons sont chiffrées de manière à ce qu’il nous soit impossible de les exploiter. Pour une fois, vos données vous appartiennent.

La véritable protection de la vie privée donne aux utilisateurs des moyens que Sundar Pichai n’a pas encore décrits. Elle ne consiste pas à donner aux gens « le choix de l’utilisation de leurs données ». Elle implique de ne pas traiter les informations des personnes comme une marchandise. Cela suppose de donner aux internautes la possibilité de penser et de parler librement, de dialoguer de manière civile sans être isolés par la bulle de filtres(nouvelle fenêtre) qui polarise de plus en plus notre société. Plus important encore, le respect de la vie privée nous permet de créer un internet qui ne se contente pas d’enrichir les plus privilégiés d’entre nous, mais qui place l’intérêt de tous les citoyens du monde au premier plan.

Le respect de la vie privée, la liberté et la démocratie sont fondamentalement liés par la notion de choix. Et nous ne devons pas laisser des géants de la tech omniprésents comme Google et Facebook manipuler dangereusement le concept même de « vie privée ». La protection de la vie privée ne consiste pas à pouvoir désactiver le système d’écoute dans votre chambre, en espérant qu’il n’y en a pas un autre caché dans le mur. La véritable protection de la vie privée consiste d’abord à pouvoir choisir qui entre dans votre maison.

Vous pouvez créer gratuitement une boite mail sécurisée chez Proton Mail. Nous proposons aussi un VPN gratuit(nouvelle fenêtre) pour protéger votre vie privée. Proton Mail et Proton VPN sont financés par les contributions de la communauté. Si vous voulez soutenir notre action en faveur d’un meilleur internet, respectueux de la vie privée, vous pouvez choisir un abonnement payant.


Traduit et adapté par Elodie Mévil-Blanche.

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